Incendie au Silence de la rue, disquaire emblématique du XIe arrondissement


Le feu s’est déclaré dans l’après-midi du jeudi 13 mars, quelque part à l’arrière de la boutique. Une odeur âcre a rapidement envahi la rue Faidherbe, dans le XIe arrondissement de Paris. Les passants lèvent les yeux, inquiets. À l’intérieur du magasin, Christophe Ouali, seul ce jour-là, tente de sauver ce qui peut l’être. Il parvient à saisir quelques vinyles, puis il est évacué de justesse. Il a les mains brûlées. Mais il est vivant.
À l’extérieur, les pompiers s’activent. Le magasin flambe. Le Silence de la rue, disquaire parisien bien connu des amateurs de vinyle depuis près de trente ans, vient d’être presque entièrement détruit par un incendie. L’arrière-boutique est partie en fumée, le local est contaminé, le stock calciné à 95 %. Il ne reste que quelques pochettes noircies et l’empreinte brûlante d’un lieu aimé.
L’origine du sinistre n’a pas encore été confirmée. Mais le constat est là : le feu a frappé fort, vite, et au cœur.

Un lieu, une mémoire

Ouvert depuis près de trois décennies, Le Silence de la rue occupait un espace singulier dans le paysage musical parisien. Ni temple ni musée, mais un repaire vivant pour les diggers de tous bords. Ici, on trouvait aussi bien des disques rares que des classiques impeccables, du rock, du hip-hop, du jazz, du dub, des pressages obscurs, des labels exigeants. Une boutique tenue par une main, une oreille, une mémoire.
Christophe Ouali, fondateur et visage du lieu, cultivait une certaine idée du commerce musical : discret, exigeant, profondément humain. Le disquaire n’était pas là pour vendre, mais pour faire passer. Un disque, une suggestion, une anecdote. La conversation pouvait durer dix minutes ou une demi-heure. Le temps comptait peu. Ce qui comptait, c’était la justesse.

Le vinyle, matière sensible

« Le vinyle est un matériau inflammable et toxique », rappelle Denis, directeur de la convention Paris Loves Vinyl, venu constater les dégâts. « En entrant dans le local ravagé, on prend pleinement conscience des dangers associés à ce produit que nous aimons tant. » Il insiste aussi sur l’importance d’équiper les boutiques de détecteurs de fumée et de dioxyde de carbone, ainsi que d’extincteurs répartis intelligemment dans l’espace.Car un feu, en quelques minutes, peut faire disparaître des années d’un travail passionné.

Une boutique fermée, mais pas effacée

Aujourd’hui, le local est inhabitable. Mais pour ceux qui ont connu cette boutique, ce n’est pas un adieu. C’est une pause. Un battement. Un silence, oui — mais un silence habité.
Une cagnotte en ligne a été ouverte pour aider à la reconstruction du Silence de la rue. Elle est disponible en bio du compte @parislovesvinyl.

Henri L.

Je suis Henri L., 56 ans, fonctionnaire dans une collectivité locale dans le Nord et observateur attentif de la vie culturelle depuis plus de trois décennies.
Lecteur assidu, mélomane fidèle et curieux de tout ce qui fait sens, j’écris sur Pangee Media pour prendre le temps de penser le monde autrement, loin du flux et des raccourcis.
Ni nostalgique ni blasé, je crois à la force des récits, à la clarté des idées, et à la culture comme espace de transmission.

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